Un, deux, trois, un deux trois un p’tit tour au bois,
Donne moi ta jolie main, ma très chère Marjolaine,
Quand nous avions perdu, l’Alsace et la Lorraine,
Nos cœurs, nos cœurs en sang étaient restés « françois »
Terre de notre enfance, à la fois monts et mers,
Provinces si diverses, mais toutes admirables,
Nous serions dépouillés et combien misérables
Si nous étions contraints à un exil amer,
Je t’aime, Val de Loire, aux châteaux enchanteurs
Je t’aime, mon Berry, verdoyant et sorcier
Je t’aime plate Beauce et ton sol nourricier
Semé de meules blondes et de clochers sonneurs,
Je t’aime, la Bretagne, avec tous tes mystères,
Ta brume et tes légendes et Tanguy et maître Yves,
Ton océan iodé, les rochers de tes rives
Tes pêcheurs audacieux, tes grands saints légendaires
Je t’aime la Provence, et toi Corse odorante
La pétanque du soir, l’anisette fraîcheur,
Et même les mensonges de ton peuple charmeur
Pagnol et la garrigue et ton accent qui chante
Je t’aime, la Vendée, je t’aime, la Touraine,
Aussi les Pyrénées, car, vois-tu, j’oublie rien !
Aussi le pays basque où l’on chante si bien,
Ni la Terre des Ch’tis ni la chaude Aquitaine,
Ou l’on parle si bien, une langue si pure,
Et qui pourrait bien être de la France l’essence
Du moins, ma préférée, celle de l’élégance
La Gascogne d’Henri, mère de la garbure !
Pardonnez si j’en passe, chères sœurs et chers frères,
L’Auvergne et ses volcans, ses ruisseaux guérisseurs
Les Cévennes où tournoient de grands oiseaux planeurs,
Pays de liberté, ça oui ! « et nunc et semper »
Pas besoin de bouger, vive le vin d’Arbois,
Que, plus tu en consommes, et plus tu te tiens droit,
Et mêm’ dans ta maison, tes souvenirs sont là,
Un deux trois, un deux, trois, un petit tour dans les bois,
Et pourtant je n’oublie pas ma seconde patrie,
Ciao ! ciao Bella ! belle et chère Italie
Et qu’en tout lieu, mon cœur voyageur vagabonde,
Et que suis à jamais, citoyenne du monde