Flipote, c’était ma Mamie, Françoise Giojuzza. Elle
écrivait des poèmes pour son plaisir, qu’elle publiait les dernières
années de sa vie sur un site communautaire de poésie qu’elle avait
découvert, Ice Tea & Fluminis poèmes.
Au fil du temps, elle s’était fait des amis sur ce site, des amis
proches, avec qui elle échangeait sur la poésie et plein d’autres
sujets.
Quelques mois après sa mort, j’ai entrepris d’éditer ses poèmes sur un
nouveau site, afin d’avoir une typographie plus claire, et de
supprimer les poèmes en double et ceux dont elle n’était pas l’auteur
— mais qu’elle récitait de mémoire à l’attention de ses amis
d’Internet — tout en laissant intacts les poèmes originaux sur le
forum. Voici l’intégralité de sa prolifique production connue.

Sans peur je balance en ligne
Mes mots de mamie indigne.
Bien pis ! je persiste et signe.
Escuser moi pour l’absence de Kévin pour samedi, mais en ce moment ses vraiment le bordel à la maison et en plus, il fallait faire les courses
Johny n’était pas là samedi matin : c’est bien beau de faire des réformes mais on ferait mieux de s’ataquer au problème du samedi matin qui emmerde tout le monde En plus, il n’y a pas classe tout les samedi : moi j’y comprend rien ce mot est valable pour toute l’année
Monsieur, je m’escuse pour le retard de Tony, mais, on a fait la fête hier, pour la victoire de l’O M vous qui aimez le foot, vous devez bien comprendre comme même ! Sur ce bon courage pour se matin moi je retourne me coucher
Justine a fait tomber son cahier dans les toilettes merci de votre compréhension
Monsieur, vous sanctionner mon fils, très bien, mais me prenez pas que pour un idiot : J’ai été à l’école tout comme vous ! je connais comment ça marche : vous êtes comme tout le monde : punissez un peu les autres quoi ! avec tout le respet que je vous doigt quand même !
Histoires vécues, grandes dames et leurs domestiques.
Madame de Rdiaquemortemart n’était pas très religieuse, cependant elle laissait l’évêque venir la visiter au château. Un jour qu’il était dans son salon, assis près d’elle à la solliciter comme toujours pour ses œuvres, voilà qu’il décède d’une crise cardiaque ! Horrifiée, relin drelin ! elle sonne et crie au majordome qui arrive : « Enl’vez-moi c’t évêque ! »
Madame Lévi Strauss, parisienne mondaine mais très cultivée, tenait une sorte de salon littéraire avec toute une compagnie de romanciers et de poètes. Une fin de matinée, le majordome arrive pour demander à cette grande dame ce qu’il doit prévoir pour le déjeuner. Très impatientée, elle lui crie : « D’la merde ! » devant témoins. Très grand seigneur, celui-ci lui répond avec dignité : « Voilà qui va bien pour les maîtres, Madame, mais pour les domestiques ? »
Cette même dame se trouvait dans l’embarras dans son salon où elle cherchait en vain un coffret qui lui était précieux. Son mari intervient en disant : « Appelez donc vos gens, Madame, voyons ! »
- Mais j’ai appelé, mon cher, j’ai appelé, la preuve, c’est que personne ne vient !
Comptine pour sauter à la corde des petites filles chez les sœurs ursulines.
« À la une, à la deusse, à la troisse ! »
En balançant une grande corde tenue par deux filles, l’une à droite, l’autre à gauche, une troisième saute dans la corde qui tourne.
Le corps glorieux
Sort du corps charnel
Comm’ du grain terreux
Bel épi de miel
Et tout s’accomplit
Par un coup du Père
Et tout s’accomplit
Par le Saint Esprit
Sans compter le Fils
Qui jamais ne chôme
Sans compter le Fils
Qui travaille aussi !
Comme nourrisson
Aux bras de sa mère
Avec abandon
Laissons-les bien faire
C’est là leur métier
C’est là leur affaire
Laissons-nous germer
Comme blé en terre
Mais sans oublier
De leur dir’ merci ;
Il nous faut chanter
« Gratias agimus tibi ».
Je veux résider dans ta panse
Et t’empoisonner l’existence
Et sans transitions
Couper les ponts
Dite sera la messe
Point de essemmesse
Afin que jamais ne s’affadisse
Feu ardent, feu délice
Que jamais ne m’oublies
De nos vies
Alors rassurez vous ce n’est en sommes qu’un exercice, je n’ai pas le moral en loques même si j’ai traversé une « année horrible » où nous avons accumulé les tuiles, ça va mieux !
Ah ! dites-moi, mon capitaine
Pourquoi mon cœur a tant de haine ?
J’aime la joie, non le malheur
T’attendais-tu à ça mon cœur ?
De l’hiver à la canicule
Malheur sur malheurs s’accumule
Sinistre est le chant d’la pendule
Comme fut le destin d’Hercule
Ce monde est plein de chausse-trapes
Tout semble aller, et tout dérape
Ce qui paraissait assuré
Soudain s’écroule et a glissé
Tu cours vers ton bonheur enfui
Mais le dernier soleil a lui
Ce qui était là, d’habitude
S’effondre, l’aventure est rude
Cette vie-là est interlope
Au bout du compte, franche salope
Ce qu’on croyait si bien fondé
S’effondre en un instantané
Désirez-vous le détail ?
Dans les bois mouillés
D’Mézières Lez Clery
J’vais, suivant mon nez
En bottes vernies
Foulant la bruyère
Et la feuille rousse
J’avance, légère
Où mon nez me pousse
Là, sous un gros chêne
Où fuit l’écureuil
Mon instinct m’entraîne
Siffle, mon bouvreuil
Du bolet l’odeur
Emplit ma narine
Si suave moiteur
On pense cuisine
J’écarte du pied
Les fleurs de bruyère
Voici le bébé
Et le gros pépère
C’est tout frais, tout beau
Et, le cœur en fête
Je pose mon seau
J’achève ma quête
Je cueille, en douceur
Grâce au couteau suisse
Le cèpe en moiteur
Le bel exercice !
Et déjà salive
La gourmande amie
L’om’lett’ huil’ d’olive
À l’ail au persil !
Et pour les bons becs
Les beaux cèpes avec