Ombre sur la lune

Trois gouttes sur quatre pavés

Une ombre passe sur la lune,
Une ombre, une gêne importune…
Où promènes-tu ta malchance,
Petit Pierrot de mon enfance ?

Et mon cher ami Chat botté,
Combien d’années m’as-tu charmée…
Je n’oublie pas ton insolence,
Ton entregent, tes manigances.

Où êtes-vous, mes vieux copains
Qui partageaient mes fruits, mon pain
La chevrette têtue qui me fit tant pleurer
Quand j’étais la gamin’ refusant de manger,

La reine des neiges et sa rob’ de flocons
Avec sa scintillante ceinture de glaçons,
L’élégante cigogn’ pourvoyeuse d’enfant
Et le Père fouettard, sacrément terrifiant,

Allons, cessons d’y revenir,
Petite larm’du souvenir
Ma si mélancolique ondée
Trois gouttes sur quatre pavés

Nous n’irons plus au bois ;
N’y a plus de lauriers
Le grand cerf est aux abois
Les chasseurs sont lâchés

Et moi et moi, l’ancienn’ pas si loin de ma fin,
M’interrog’ sur ce monde de tristes pantins
Mais qui avait du bon parfois ? parfois ? Parfois ?
Mêm’ si on n’pige rien à rien à ses lois

J’partirai étonnée et pleine de colère
Vive la raie manta et la licorn’ de mer !
Comprenne qui pourra à ces vers de cinglée
Me trompant de saison, j’vous souhait’ la bonne année.