Quand les ressuscités s’en iront par les bourgs,
Les vivants qui restent, marcheront derrière eux
Suivant leur lumière et à pas de velours,
Car les voir tout à fait éblouirait leurs yeux.
Ils les suivront, amis, jusqu’à leur décollage,
Bras dessus bras dessous, tout au long des labours
Avec le vif désir d’être aussi du voyage,
Le Temps étant fini : bien fini ; pour toujours
Pas sûr qu’ils ne regrettent un peu leur vieux village,
Et leurs maisons d’ici, pleines de souvenirs
Qu’ils emporteront, sûr, vers le nouveau rivage,
En se rappelant d’eux, dans ce proche avenir.
On entendra les cloches dans le dernier faubourg,
Et ce qui fut ce monde alors disparaîtra,
Comme s’évanouit la lumière alentour
Au théâtre du monde à la fin d’l’opéra.
Et puis les grandes voix mugissantes des eaux
Effaceront enfin ce qui fut notre histoire
Lorsque s’accomplira la prophétie d’Eschmo,
Sur la longue aventur’ si difficile à croire.