Oh ! le Temps, le Temps, le Temps
Il grignote, il ronge, il use,
Le vieux Temps joue, il s’amuse,
Et il nous suce le sang.
Parfois, ce faux frère, il ruse
Et semble nous oublier
Mais, fontaine d’Aréthuse
Goutte à goutte, il a coulé.
Vieille tendresse, m’amie,
Reprise ton tablier,
Car elle passe, la vie !
Il pleure le sablier.
Oui, sans cesse il nous besogne,
Sans avoir l’air d’y toucher
Nous détruit, cette carogne
Tandis qu’on voudrait danser.
Un peu plus tard, il s’attaque
Au cerveau, au souvenir,
Nous rend hésitant, chabraque,
Nous exclut de l’avenir.
Nous introduit au Pays
Que l’on ne reconnaît pas
Zone étrange où la folie,
Déjà nous sonne le glas.
Et lentement, on rejette
Notre bonhomme antérieur,
Et l’on va à l’aveuglette,
En sentant trembler son cœur.
Oh ! le Temps, le Temps, le Temps
Sans répit, le Temps ravage.
Jamais il ne perd son temps
Et ruine notre visage.
Oh ! Le Temps, le Temps, le Temps
Il confisque nos vingt ans.