Nuit d’août en Sicile

Où sont les étoiles ? Je n’en vois plus qu’une
Dans le soir, s’élève un chant de crapauds
Un malaise obscur vient et m’importune
Le sang dans mes veines coule un peu plus chaud.
Tout le pays souffre du mal de lune !
Que se passe-t-il, que tout se détraque ?
Un cheval hennit et son sabot claque,
Quelque part au loin, dans une écurie.
Le vent de la nuit geint, désespéré
Une veuve ardente et un peu chabraque
Tourmente les gars couchés dans leurs lits
Traverse les rêv’ de Monsieur l’abbé.

Déjà minuit sonne
Mon Dieu, qu’il fait chaud !
L’abbé déraisonne :
La Lune est là-haut,
Puissante matrone
Qui a répandu
Son lait vénéneux
Sur les champs ombreux,
Le chemin perdu…

Et sur la novice endormie
Au cœur du couvent fiévreux
Sa trouble magie.
San Calogero !
C’est le sirocco !
Vent de canicule
Qui souffle et circule
Sur les toits, les cours.
À notre secours !
Sainte-Rosalia,
Venez ici-bas
Venez en ce lieu
Poser vos doigts bleus
Sur nos cœurs en feu !
En trois fois ou en une,
Délivrez nous du mal de lune !

Ce poème m’a été inspiré par le film « Chaos » des frères Taviani.