À dix ans, réfugiée à Combleux, j’allais à l’école du village depuis Pâques. Une autre famille de réfugiés arrivait à l’école dans une carriole tirée par une belle jument blanche. Tous les enfants de l’école avaient essayé cette jument et voyagé dans cette carriole. Elle était devenue « la jument de l’école ».
Comment pourrions-nous oublier
Le si joli temps de l’école
Le joli temps des écoliers
La gomme et l’encre et le plumier
Cartes muett’, cahiers de brouillon
La maîtresse et son poulailler
Les belles nattes de Louison
Les kilomètr’ pour arriver
Passant près de « l’étant fiévreux »
L’odeur de pomme au vieux verger
Et nos petits cœurs amoureux
Quels gracieux amours c’était là !
Sans un projet, et sans aveux
Souffles de Mai, fleurs de lilas
Main furtive, douceur des yeux
Coccinell’ glissée dans le cou
Croissant hardiment partagé
Giclée de sable sur le genou
Gestes prudents, secret ! secret !
Bouton de rose de l’instant
Fleur suave, fleur éphémère
Vous en souvenez vous Laurent
Et Sidonie, et Bérangère ?
Belle jument qui caracole
Un jour nous ramèneras-tu
Au si joli temps de l’école
À reculons, au temps perdu ?
J’entends tes sabots sur la route
Déjà mon rêve est en déroute
Ils claquent là-bas dans la rue
Peu à… peu ne… les… entends… plus…