Eulalie la laide

Eulalie la laide n’a pas de bon ami
C’est une pauvre vie que la vie d’Eulalie !
Mon dieu ! quel triste lit quand le jour est fini !
Comme elle a froid seulette en son hôtel garni
Sans cesse frissonnant sous son édredon gris
Son cœur, il est bien vid’, son doux cœur si gentil
Qui aurait tant d’amour pour un petit mari
La jeunette soupir’ du lundi au lundi
Pauvre fille ignorée des garçons du pays
Qui ne la voient pas plus que fleur de pissenlit
Au milieu d’un bouquet de roses épanouies
Caressant son téton inutile et flétri
Elle rêve en pleurant d’allaiter un petit

Oh grand Saint Nicolas
Examinez son cas
Et mettez sur ses pas
Un bon et tendre gars
Qui peut-êtr’ verra mieux
Que le bout de ses yeux
Qui la trouvera belle
Aimable demoiselle.
Qu’touché par sa douceur
Il la log’ dans son cœur
Et puis, qu’au bout de l’an
Lui pousse un bel enfant !

Tout ce qui est chéri
Souvent devient joli
L’a chanté plus d’un pastoureau
Tout ce qu’on aime paraît beau.