« Le temps, qui sans repos,
Va d’un pas si léger… »
Je laisse s’en aller le Temps
Le Temps, qui sans bruit, se débine
Et sans cesse, je procrastine*
Sans trop bien employer l’instant.
Les journées glissent, serpentines,
Heures et minutes, itou,
S’envolant vers le grand ciel flou,
Vers des contrées adamantines.
Écoutez sonner les clarines,
Des heures perdues, gaspillées.
Elles s’en vont aux assemblées,
Aux tendres rondes enfantines.
Est-il si urgent de produire,
Tant projeter et planifier
Tant amasser et fructifier
Tant savonner, faire reluire.
Il est urgent de s’amuser
Mais oui ! De se laisser distraire
Foin du devoir atrabilaire :
Il faut flâner et folâtrer.
Je suis la « nonina » couchée
Près de l’odorant feu de bois.
Avecque** volupté, je bois
Le doux thé de l’oisiveté.
Tournée vers la fenêtre ouverte
J’accueille les odeurs des plages
« D’où venez-vous ? De quels orages ?
Ne volez pas en pure perte !
Venez donc emplir mes narines
Fraîchir mon front, baigner mon cœur »
Il n’est plus exquise liqueur
Que celle des brises marines.
Ainsi, je ne perds pas de vue
Le vol des « merveilleux nuages »
Et des grands oiseaux de passage,
La belle saison revenue.
** Licence poétique ancienne