Délire de solstice

À mon cher Sava

Nous bercerons dans notr’ mémoire
Cette colombe crucifiée
La belle enfant vêtue de gloire
Les jambes nues dans la rosée
Ah ! que s’éteigne donc la plainte
De ce bel enfant né coiffé
Et que la vie soit folle ou sainte
Voilà qu’ell’ passe ! elle a passé
Dentell’ de rides sur la face
Fol amour trahi par la fée,
Le temps passé passe et repasse,
Vieille demeure désertée
Bull’ de savon cristal de roche,
En ce vieux monde hélas ! tout cloche
Et s’en va finir en fumée
Avec quoi donc rime jeunesse ?
Peut-être bien avec détresse
Souhaitons-nous donc la bonne année

Madame, hôtess’ que Dieu vous garde
Ne nous laissez pas à la porte
Et souffrez bien qu’on se hasarde
À entrer près d’votre fourneau :
Par ce vieux vent de dur décembre
Le froid des pieds nous monte aux jambes
Et sur la table, le couteau
Le couteau est là qui regarde
Sur l’assiette, le bon gâteau !