Si t’as envie d’être un homme
Lève-toi de bon matin*,
Car la vie n’est pas qu’un somme.
Gars ! Fabrique ton destin !
Une gaie chanson en bouche
Enfourche-moi ton vélo
Juste séché de la douche
Lestement, file au boulot.
Là-bas, écoute ton maître
Regarde comme il s’y prend,
Pour l’escalier, la fenêtre
Regarde quand il est temps.
Il a p’têt’ des choses à dire
Qui puissent bien t’éclairer
Et sans oublier de rire
De rire et de plaisanter.
Depuis le temps qu’il s’entraîne
Au tour et à l’établi
Lui, avec la main, il mène
Le bon bois qu’il a choisi
Regarde-le bien, p’tit gars
Écoute, bel apprenti
Avec de l’huile de bras
Un jour, tu seras comme lui
Ne perds pas ton temps, lapin**
Tu gouverneras le buis
Le vieux chêne et le sapin :
Le vieux parle : Et tu le suis…
Savoir mouiller sa chemise
Manier juste le rabot
D’l’outil, gagner la maîtrise
Ton sing’***, t’en diras un mot
Comme le faisaient nos vieux
Comm’ tu le feras demain
Faut te servir de tes yeux
Et domestiquer ta main
Ça ne viendra pas tout seul
Chaque jour il faut apprendre
Ça ne viendra pas tout seul
Peu à peu, il faut comprendre
Ni feignant****, ni emprunté
Ni brouillon, ni trop benêt
Et sous ton doigt, étonné :
Un jour sort un bel objet
En été comme en hiver
Belle humeur et beau courage
Un jour tu seras bien fier
En voyant ton bel ouvrage.
** Chez les compagnons du Tour de France, le lapin, c’est l’apprenti.
*** Le singe, c’est le patron
**** Feignant n’est pas une erreur d’orthographe, c’est un autre mot que fainéant. C’est un mot plus populaire et plus expressif aussi. En gros, c’est celui qui feint tout le temps d’être épuisé.