À l’ancienne

Jeune jardinier du Roy
Viens me retrouver de nuit,
M’offrir ton cœur et ta foi,
La nuit tous les chats sont gris

Non, ma noble demoiselle
Vous n’êtes, vous si bien née,
Qu’une allumeuse donzelle
J’aime mieux ma fiancée

Elle est sage et réservée
Elle est bonne et charitable
Mieux que chaude mijorée
Vaut belle fille d’étable

Je l’aime depuis toujours
Fidèle depuis l’enfance
L’épouserai dans dix jours
Ma reine, mon espérance…

Bien plus belle dans ses bottes
Et simple tablier gris
Que filles hautaines et sottes
Dans leurs frusques de grand prix

Tu verras mes doux tétons,
Si tu défais mon corsage
Soulève mes cotillons
Verras cuisses de haut lignage.

Pouss’ toi d’la, la putassière
Voyez donc c’te « couch’toi là »
Où j’t’envoie dans la poussière
Tu empuantis mes pois.

Si tu as faim, mange ton poing
Bouque donc, la vicomtesse,
De toi, je m’en vais bien loin
Avec ma jeune maîtresse…