À Fabre d’Églantine et à tous les galants poètes de jadis
Laisse donc un peu tes chèvres
Ce beau jour est achevé
Fais-moi cadeau de tes lèvres.
Tes petites socques claquent
Au sentier du Bois Chenu :
Les minutes nous arnaquent
Du bonheur qui nous est dû.
Mène-moi vite à l’abri
Ta chère tribu bêlante
Et sans l’ombre d’un souci
Ne me sois plus qu’une amante.
Emportons au Bois-que-j’aime
Un plein panier de fruits mûrs
Des fromages à la crème
Un poulet et des œufs durs.
Là, nous ferons la dînette
Sans nulle cérémonie
Avant d’aller, ma brunette
Faire la sieste jolie.
Ton ventre rond et moelleux
Me fera mol oreiller
Après les jeux amoureux
Lorsque nous serons lassés.
Je baiserai ta menotte
Et ton joli pied dodu
Tandis que chouette et hulotte
Chasseront au Bois-Perdu
Tes chèvres seront à l’aise
Leurs petits biquions aussi
Tandis qu’au Bois de Saint-Blaise
Nous serons en paradis.