Soupirs évangéliques

À Dolorès, dite Lola et dite Abboua
Ma marrante et courageuse aide ménagère depuis trente deux ans
Autant dire une de ma famille
Et la meilleure confectionneuse de roccos qu’elle nous sert sans parcimonie dans une grande corbeille
Et qui fêta ce jour avec nous, roccos et porto
Sa carte d’identité française, tout en restant dit d’elle andalouse dans son cœur
Elle m’a dit l’autre jour : « vous y croyez à dieu, vous ? »
Moi, j’y crois, un p’tit peu…
Durant son enface andalouse elle perdit sa maman à neuf ans. Sa mère mettait un enfant au monde chaque année, elle est morte donc au « champ d’honneur de la maternité »
Il y avait cinq petits frères derrière elle, elle aida donc sa grand mère à les élever, apprit à traire, mais ni à lire, ni à écrire

« Marchons, marchons,
Le vent se lève
Allons, allons,
Suivons ce rêve

Oui ! entre nous,
Entr’ aimons-nous
Et puis, surtout
Consolons-nous

Aimons-les tous,
Car les plus fous
Ont besoin d’nous :
Ch’veux noirs ; ch’veux roux

Et les très maigres
Et les très gros ;
Les piss’ vinaigre
Et les salauds

Les très jolis,
Les pas très beaux,
Les malpolis
Et les corniauds

Les méprisés
Mêm’ les marlous
Les p’tit’ pépées
Qu’ont vu le loup

Et au bordel
Meurent beaucoup,
Y n’y a qu’au Ciel
Que tout est doux

Allons allons, suivons notr’ rêve

Marchons, marchons, ou marche ou crève