Pour ma Zénobie
Aurais-je doncque rêvé ?
Seul, le bruit de la Durance
Au loin, au-delà du pré
Mon beau petit cheval noir
Qui nous arriv’ des nuages
Que viens-tu faire ce soir
Par ici, dans nos parages ?
J’entends ton sabot qui claque
Sur les pavés de la cour
Mon joli cheval chabraque
Mon joli cheval d’amour
Tu viens boire à la fontaine ?
Il fait déjà presque nuit
Dis, quel caprice te mène
Dans le pays endormi
As-tu pour nous un message
Et que nous annonces-tu ?
Es-tu un coursier très sage ?
Ou un fol enfant venu
Du monde des korrigans
Des aventuriers tartares
Des sauvages chenapans
Ravageurs et barbares ?
Mais, déjà l’on entend moins
Tes hennissements vainqueurs
Tu t’éloignes, tu es loin
J’en suis quitte pour ma peur
Un petit regret, pourtant !
Car, mon si beau visiteur
Tu n’viens pas ici souvent
Noir petit cheval charmeur
Ah ! tu voulais juste boire
Je comprends : tu étais las
Te garderai en mémoire
Jeune étranger de là-bas
Derrièr’ mes volets j’entends
Crépiter tes fiers sabots
Ils s’éloignent avec le temps
Au fond d’la nuit
Au fil de l’eau
Au fil de l’eau
De l’eau de la Durance
Merveilleux fleuv’ de France