Pour me venger de mes déboires ; de mes contrariétés, de ma sciatique, de mes rides ; de mes fautes d’orthographe, de Berlusconi et Khadafi, du président Bling Bling et de sa puissante chanteuse, de Tibéri, du Front ; de mes doigts qui me trahissent au piano, et ma voix qui me lâche à la chorale ; à des amis et des amies qui m’ont oubliée, les vaches ; et Bigard et Doc Gynéco, et tout le Vatican et le saint office, et de l’opus dei, de tous les fadas de la bagnole et les cons prétentieux.
Ce grand n’importe quoi est spécialement dédié à mes godelureaux et à mes exquises sœurs de cœur du site et d’ailleurs. Délire probablement réalisable en deux parties.
C’est une toute nouvelle forme poétique, un flipotin. C’est une forme composite avec des vers de huit, de sept de six ou de trois pieds, mais bottelés quatre par quatre, pour casser le rythme, et offrir une image du désordre mental de la bonne femme.
J’irai au bout de la Terre,
De longtemps projet dans l’œuf
Dont je n’saurais me défaire
Ça va être un vrai bonheur
Pas besoin d’intermédiaire !
Je l’fais ou j’fais un malheur :
C’que vous pensez n’me chaut guère !
Malgré mon âge avancé,
Des jamb’ j’en ai une paire,
Poussée par un vent léger,
Le vélo saura bien faire
Je pass’rai par les Balkans
Sans intention suicidaire
J’irai jusqu’au Kurdistan,
Tout le reste est secondaire
Par la volonté des Grands,
Mêm’ s’il est bien mort, naguère,
C’pays, l’est toujours vivant
Dans mon pauvr’ cœur solitaire
J’irai jusqu’à Sumatra,
En rob’ couleur incendiaire,
Pour un grandios’ feu de joie
Bien au delà d’mes frontières
C’est un cas de folie douce,
D’folie automeurtrière
Aller où le vent me pousse,
Sans regarder en arrière !
J’irai, nue et teinte en rousse,
Zénobie, s’rais partenaire ?
Je sais qu’t’ignores la frousse :
Et qu’t’aim’ la clarté lunaire
Que tu t’fous de l’opinion
D’une société primaire,
Des blaireaux, des rogatons
D’un monde velléitaire
Comme l’auraient fait, je crois
Les quatre beaux dromadaires
Mis au monde ; autrefois
Par Guillaume Apollinaire
Comme en dut rêver aussi
Cela était son affaire !
Un poète de mes amis
J’veux parler d’Aimé Césaire
Pourquoi se priver, ma foi
Avec ambition précaire,
D’aller, sans peur, sans émoi,
Aux confins de l’univers
Y a peu je disais : tout’ nue
En fait, j’mettrai une guêpière
Je ne suis hurluberlue
Au point d’la reine douairière
Qui buvait un bon brandy
À la santé de ses pairs
Chaque matin que Dieu fit
Bravo ! bravo ! la rein’ mère !
Buvant ça comm’ du p’tit lait
Cul sec, la tête en arrière,
Avec naturel parfait
Au règnant roi d’Angleterre !
C’est pas l’mien c’est votr’problème
Et tout cela m’indiffère
Vous n’aimez pas ce que j’aime :
Siffler, marchant de travers
Et si tout ça vous déplaît,
Foutez moi tout ça en l’air
Allez donc vous faire torcher
Avec un’ douzain’ de bières
N’faisons d’embrouillamini,
Foin du Père Lacordaire !
Qui n’a pas sa place ici
Y a pas d’question subsidiaire !
Sans que jamais n’interfère
Pour accomplir ce vœu pieux
Homm’ de peine ou mercenaire
Seulement l’aide des dieux
Sans jamais regretter rien
Ni virer atrabilaire
Je le referais fort bien
Si je pouvais le refaire !
Sur trois not’ je chanterai
Ce que chantait mon grand père
Le plus vachard, le plus gai
Des beaux refrains libertaires
Peut-êtr’ crèv’rai-je en route
D’un’ maladie pulmonaire
Ou d’un excès de choucroute
Encadrée d’mes mousquetaires
Et merde pour le roi d’Angleterre
Qui nous a déclaré la guerre !