I
Mon père, oh mon vieux père
Depuis trois mois déjà
Ton corps au cimetière !
Ne pleurons comme ça !
Papa, que j’aime tant
De toi rien n’est resté
Qu’un très vieux vêtement
Inutile et usé
Il n’y a rien sous la pierre
Qu’un reste inanimé
Aller au cimetière ?
Tu nous as bien quitté
Nous n’irons plus tout deux
Chercher des champignons
Nous n’irons plus tout deux
À la pèche aux goujons
Les jours de gros orages
Où la Loire sent bon
Tout au long de la plage
Les perches, les gardons !
Allons, allons, mon père
Nous n’irons plus pêcher
Les pieds dans la rivière
C’bon temps là est passé
Je promène ton chien
Tout au long de l’ornière
Pour lui faire du bien
Il renifle, il espère
La nuit, dort dans l’odeur
De ton vieux pull-over
Qui endort sa douleur
En automne, en hiver
II – La vie continue
Encor’ voilà la vie !
Et tu es avec moi
Tu me fais compagnie,
Mêm’ si je n’te vois pas
Car tu es là, présent,
Fidèle et protecteur,
Je te sens près de moi,
J’entends battre ton cœur,
Et la vie tourne encore,
Un merl’ sur la sapin,
Que l’chaud soleil dore,
Siffle comme un gredin !
Deux petites gobettes,
S’arrosent en riant,
Les deux jolies caillettes,
Comme avant, comme avant
Remplissent le jardin,
Par ciel clair ou brumeux
De leurs rires joyeux
Cueillant rose et lupins