Nous, poètes mineurs

Tous, ici, n’avons garde de nous croire des dieux :
Certes ne sommes pas, Hugo, ni Baudeloire,
Mais au mont des poèt’ serons toujours les « fieux »
Des poètes mineurs qui meublent nos mémoires,

Et ces poètes là, vois-tu, sont d’un grand prix :
Ils ont bercé longtemps tout un peuple précaire
Qui « buvait » par l’oreille cette vraie poésie
Même ne courant point le salon littéraire !

On n’les entendait pas, c’est vrai, chez Rambouillet,
Ni chez Reine Margot, de belles lettres éprise,
Mais leurs cris, leurs sanglots, parfois leurs durs pamphlets
Ont nourri tout un peuple à la destinée grise !

Je suis fière d’en être, ou du moins d’essayer
Haute société ! pas seule, en ce loisir !
Parfois il est bien doux de pouvoir la niquer
Moucher de riches cons, c’est délicat plaisir