La Toinon dort près du poêle
Dans les bras du grand Benoît.
« Mais d’où vient donc cette étoile
Qui brille au dessus du toit ? »
Elle houspille son mari
Et réveille ce balourd :
« Viens donc voir un peu ici,
Ma parole, tu es sourd ?
Tu as bu trop de bernache,
Trop de gnôle ou de vin cuit !
Va vite attacher la vache,
Partons tous deux dans la nuit…
Regarde un peu qui arrive :
Jacob avec sa Louison !
Vois donc la lumière vive
Qui se lève à l’horizon ! »
José dit que trois beaux anges
Sont descendus par ici :
« Un tout-petit dans ses langes
Vous attend depuis minuit.
Ses parents ne sont pas riches,
Le temps est bien morfondu !
Portez-leur laitage et miches :
L’enfant grelotte tout nu,
Quelque linge, quelque laine
Pour sûr, seraient nécessaire
Allez, Jeanne et Madeleine
Bartimée, Simon, Macaire,
Mettez-vous tous en voyage !
Fraîche sera la nuitée.
La plus fine, la plus sage
Des filles de Galilée
Vous espère en allaitant
Son tout petit nourrisson.
Le papa a du tourment
Portez-lui donc un cruchon :
Du lait cru, quelque fromage,
Des œufs frais, un peu de pain.
Dehors le grand’vent fait rage,
D’un peu d’aide, ils ont besoin. »
Les bergers sont arrivés
Chargés de présents très doux,
Les pieds gourds dans leurs souliers,
Fléchissant sur leurs genoux.
« Entrez dans le cabanon,
Marchez un peu plus avant,
Entre le bœuf et l’ânon,
Il est là, le bel Enfant ! »