Je ne peux rimer ce matin
Vous souvenez vous de mon coup de cœur, il y a peu, pour une délicieuse petite chouette blanche aux doux yeux que j’acquis, au marché aux puces ?
Elle vit depuis sur ma table de chevet et ne laisse pas, avec sa sagesse, de me conseiller utilement… j’allais m’endormir cette nuit quand elle me susurra derrière son bec : « Tss tss ! réveille-toi ! à la TV, il y a Madame de Romilly ! allume vite ! tu sais elle est très vieille, tu n’auras peut-être pas d’autre occasion d’entendre cette grande dame ! allez, allume ! »
Bien m’en prit ! Madame de Romilly qui vit depuis le lycée dans la Grèce antique, qui est capable de répondre en grec ancien à peu près à n’importe quelle question, a maintenant quatre vingt quinze ans et est presque aveugle, mais travaille toujours avec le même amour, le même feu pour celle qu’elle nomme la mère de la démocratie. Démocratie imparfaite, il est vrai, puisqu’elle ne concernait pas les femmes, les esclaves et les étrangers.
Tout de même, pour la première fois, les lois s’élaboraient, en démocratie « directes », non embrouillées par des députés plus ou moins fiables, sur l’Agora, à mains levées, par tous les citoyens ! Quel pas de géant dans un monde quasi universellement dirigé par d’abominables tyrans.
Merci Jacqueline de Romilly de nous avoir si bien évoqué tout ça, avec vos souvenirs de victime du fascisme, et votre grand amour de la Grèce, mère des esprits libres !
J’espère ne pas vous avoir ennuyés avec ma prose.