Mon grenier

Mon grenier, mon grenier
Je n’ai plus rien à y faire,
Mon grenier, mon grenier,
Je n’y monte plus guère…

Et pourtant rien de louche :
On y voit un berceau
Offert par un manouche
Contre une offrande d’eau*

Charmant berceau d’osier
Qui fut tant balancé
Charmant d’eau d’osier
De mon gars trépassé…

On y voit coffre lourd,
Dedans, robe de mariée
Une larme me sourd,
Si j’vais la caresser.

C’est l’odeur du bonheur
C’est l’odeur des années,
Des battements de cœur,
D’une belle journée…

Des cahiers manuscrits
Musiques de mon père,
Violoncelle chéri
Debout dans la poussière.

Sèche cire de ma ruche
De longtemps disparus…
Un gros ours en peluche
Un’ frimousse ambiguë

Sur une toile peinte
D’une aïeule lointaine :
Toute une vie éteinte
Au fond de la Touraine.

Dormez dormez Joujoux
Souvenirs de Noël
Brillez brillez Bijoux
Cadeaux tombés du ciel.

Tissez les araignées
Les années se débinent
Nous voici fatigués
Nos forces se déclinent

Il est déjà minuit,
Entends : la cloche sonne !
Dors bien dans ton étui
Mon cher vieux saxophone**…

* Dans ce village passaient les gitans tous les ans. J’avais même leurs enfants à l’école pendant quelques jours. À l’époque, il n’y avait pas de point d’eau autour des roulottes. Et ils m’avaient demandé de s’approvisionner dans la cour de l’école.
** Depuis longtemps je ne sais plus en jouer. Par la suite vers la cinquantaine, j’ai appris la flûte traversière et la quéna : c’est à dire la flûte indienne, enseignée par l’argentin Una Ramos (voir youtube si vous voulez). Souvenirs souvenirs !