Mon beau navire

Dédié à Bolero, qui aime bien les alexandrins, bien nets

Rendez moi mon Trois-mâts de la Rose des vents
Le beau navire usé à la voile magique
Qui n’aborde jamais aux quatre continents
Ne frôle ni Ceylan, ni Java, ni l’Afrique

Un sort lui interdit de pénétrer la rade
Il ne s’y poserait qu’au risque de la mort
Sumatra, Bornéo, la belle Désirade
Seront toujours pour lui l’inaccessible port

C’est le vaisseau fantôme des folles errances
La coque ensorcelée qui ne va nulle part
La sirène de proue dépourvue d’espérance
Et prête à chaque instant pour un nouveau départ

Ce voilier n’est pas pour les terres lointaines et le commerce, mais pour l’odeur des vagues, les embruns salés et iodés, et l’odeur de la liberté.