Mille neuf cent dix neuf

Triste retour

Au château vermoulu
De la vieille douairière,
Rongé par les obus
De la dernière guerre

Où ell’ les invitait
À venir jouer souvent
Dedans, auprès des flammes
De son feu de sarments

Ils revinr’, les appelés
Revinr’ les volontaires,
Dans les sombres années
Qui suivirent la guerre

Habité de mal être
Et nimbé de poussière
Qui pourrait reconnaître
La royal’ Provenchère

Les tentur’ s’effilochent
Voilées d’toil’ d’araignées
Un’ famill’ de chouett’ s’accroche
Au fond du plafond crevé

La marquise est au cim’tière
La douce dam’ d’autrefois
Ell’ aimait la terre entière
Cela arrive parfois
Et doucement il s’écroule,
Le castel du vieux marquis
Car le Temps, il roule, roule
Sur les vestiges d’ici

Ils sont devenus trop sages :
Boitill’ à pas inégaux
Ou bien cachent leurs visages « gueules cassées »