Les lavandières

Chanson pessimiste à l’égard des hommes, des anciennes pour les jeunes lavandières

En besognant au vieux lavoir
Battez, filles, battez les draps.
Mais la manière, il faut l’avoir
Tordez-moi ça, du haut en bas.

Lavez aussi vos bas de laine
Belle, ne te retourne pas
Non, il n’est pas d’amour sans peine
Transpire bien, frotte tes bas.

Ils peuvent bien passer par là
Les grands gars de Mortefontaine
Jolie, ne les regarde pas
Souvent, l’amour est une chaîne

Brosse coutils, grosses futaines
Essore jusqu’au dernier drap
N’écoute les calembredaines
De ces menteurs, de ces fadas.

Ils n’en veulent qu’au pucelage
Des belles filles de chez nous
Ne leur fais jamais bon visage
Courbée dans l’herbe, à deux genoux

Le meilleur ne vaut pas grand’chose
Fais ta lessive jusqu’au soir
Garde-toi bien, garde ta rose
L’amour est un roman bien noir

Ils rêvent de te mettre en cage
Pour mieux courir le guilledou
Lavandière, tu es en nage
N’accepte pas de billet doux

Chante, ma belle, à rendre sourds
Ces propres-à-rien, ces fins menteurs
Les reins brisés et les doigts gourds
Protège-toi, garde ton cœur

Il va faire froid au retour
Ne va pas « amasser » la mort
Chante et travaille tout le jour
C’est là ton lot, c’est là ton sort

Aller sans cesse à la rivière
Telle est la vie sous espérance
Telle est la vie de lavandière.
Ne sera point reine de France