Prose, poétique, peut-être !
Les éclats de rire, il entraîne partout chez nous
Car nous aimons bien tous ceux qui prennent parti d’en rire de leurs malchances de chaque jour
Le facteur qui est un grand gros bonhomme, bon comme le bon pain nous laisse en écho sur les meubles et dans les rideaux de somptueux éclats de rire en bronze, verts profonds et caverneux
La voisine de droite sème à tous vents des éclats de rire en cascades, argentins et mutins
Celle de gauche, pensive et romantique, madame de Renal, d’elle s’échappe parfois un rire transparent comme cristal, éclat de rire bref et ambigu vite freiné comme si elle riait à regret, à remord
Sa petite fille de quatre ans, Violette, laisse ici sur le plancher dont elle n’est pas loin une myriade d’éclats nacrés, ravissants à voir surtout après ses jeux avec Biloute notre chat bien-aimé
Le contrôleur des impôts, une fois l’an, laisse ici de secs, brisés, dentelés, aigus petits éclats de ricanement vite étouffés, couleur marron foncé, que je me hâte de balayer
Les plus beaux de couleur sont ceux du représentant en vins d’Alsace, oranges rouges indigos blonds verts, une merveille, qui s’insinuent partout et que je ne balaie jamais, accrochés au plafond dans les tentures ils scintillent la nuit, mon mari ne peut plus s’en passer, ils brillent la nuit ces bienfaiteurs de l’humanité souffrante !
Martin Luther le protestant et saint Thomas More le catho, ont dit chacun, à sa manière, que si l’on ne pouvait rigoler au Paradis ils n’ont pas envie d’y aller !