Les aveux difficiles

Aaaaah ! la passion !

« Ô ma mère, ô ma mère,
J’ai commis un grand péché :
J’ai perdu ma volonté
J’ai suivi le colporteur
Pour un r’gard qu’il m’a jeté
J’y ai livré mon honneur,
Je suis roug’ rien qu’d’y penser !
Ô ma mère, ô ma mère
Comment laver ce péché ? »

« Ô ma fille, ô ma fille
Va-t-en vite à la fontaine,
À la fontaine sacrée
Là se finira ta peine
Ton péché sera lavé
Va ma fill’, va ma fille,
Dans le flot pur et nacré
Ta faute de jeune fille
À jamais sera noyée. »

« Ô ma mère, ô ma mère,
À la fontain’, j’y ai été
À genoux, échevelée
J’ai pleuré sur mon péché
En disant un cent d’« Ave »
Ô ma mère, pour mon malheur,
Dans l’eau clair’ de la fontaine :
Le visag’ du colporteur !
Qu’elle est donc lourde ma peine ! »

« Ô ma fille, ô ma fille
Au carr’four des Sept dormants,
Dans le feu de la Saint-Jean
Jette-moi tout ton souci
Jette-moi ta faute aussi
Car le feu de la Saint-Jean
Toute chose purifie
Grâce à la Vierge Marie
Demand’-lui aussi l’oubli. »

« Ô ma mère, ô ma mère
Mon péché, il m’a quitté
Tant de larmes l’ont noyé
J’ai retrouvé mon honneur.
Mais comment puis-je oublier
Celui à qui j’l’ai donné
Et qu’en a eu la primeur,
Ce passant d’l’hiver passé
Ce passant, ce colporteur… »