Le petit voisin

C’tait un p’tit gars rigolo,
Il est mort beaucoup trop tôt.
L’tait parti un beau jeudi
Tout gaillard, fleur au fusil.

Engagé en fin de guerre,
L’avait dix sept ans et d’mi
L’est parti loin de sa terre,
Sifflotant, beau et hardi.

En quittant sa Noémie
En la serrant contre lui,
En riant, y’avait soufflé :
« J’s’rai d’retour au premier blé »

Il est mort au bout d’six jours,
Un jeunot, ca s’trompe toujours
L’est tombé criant « déja ! »
Sachant qu’il se r’lèv’rait pas.

L’est tombé pensant « maman,
Te v’la seule pour bien longtemps
Je bêch’rai pus ton jardin
Adieu ton pâté d’lapin… »

Pas loin de la sortie d’l’école
Il nous faisait son mariole ;
Pas très loin de l’enfant d’chœur
Lui, il croyait au bonheur.

Qu’on en pense c’qu’on en pense
Elle est rude la souffrance
Qu’on croit au Ciel et au diable
L’Bon Dieu n’est pas raisonnable.

C’était un petit enfant,
Et c’tait un Homme en même temps.