Le marin au bout de sept ans

C’est au bout de sept années
Que j’ai r’vu ce capitaine
Qui était mon fiancé
Quand je vivais en Touraine

La guerr’ me l’avait ôté
Quand j’étais si amoureuse
Son bateau s’est éloigné
Et je fus bien malheureuse

Durant trois longues années
Je n’eus aucune nouvelle
Les espéranc’ en allées
Que font jeunes demoiselles ?

Refrain :
Vent arrière, vent devant
Navigue, beau bâtiment
Que de rev’dans les haubans
De regrets pour les amants.

Lorsqu’il me fit bien entendre
Qu’il n’avait cessé d’m’aimer
Il me dit un mot si tendre
Que je me pris à pleurer.

— Non, ne pleurez pas Madame,
Les années s’en sont allées
Et nous châteaux en Espagne,
Ils sont partis en fumées

Cachez-moi ces douces larmes
Mon cher amour d’autrefois.
Voilà bien les pires armes
Que craignent même les rois !

Refrain

J’ai bien gardé votre foi
Belle petite écolière
Vous êtes plus près de moi
Que ma veine jugulaire.

L’anneau qu’vous m’aviez donné
Je l’ai gardé sur mon cœur
Cette jolie fin d’été
On en reparle et j’en meurs.

Vous êtes mariée, Madame
Et vous avez deux enfants
Il est trop tard, mais votre âme
Je la garde en l’emportant.

Refrain

Ne réveillons pas tout ça
Il est grand temps d’être sage
La vraie jeuness’ n’est plus là.
C’est une histoir’ d’un autre âge.

Adieu, adieu, mon amie
Ne soyez pas triste tant
Je m’en vais en Virginie
Je r’tourne à mon bâtiment.

Envoyez-moi donc là-bas
Un portrait à votre image
J’le r’garderai bien des fois
Dans ce lointain paysage.

Refrain