Le corsage de Liouba

J’ai eu l’impulsion d’écrire, après le fait divers des immigrants clandestins en perdition en mer et allaités deux jours par une jeune mère, ce « chant de Liouba », et aussi après de passionnantes recherches au sujet des déesses mères du Proche Orient comme Istar, et au départ une sainte bretonne aux trois seins : Sainte Gwenn !

De la douce Liouba, la belle
Vous tous écoutez bien le chant :
Je voudrais, je voudrais, dit-elle
Un grand corsage de lin blanc
Et puis dedans, trente six mamelles
À offrir à tous les enfants
Pour fair’ jaillir suaves fontaines
Un lait fleurant la marjolaine
Anis, basilic, origan
Pour allaiter ceux de la terre
Ceux qui n’ont pas de tendre mère
Qui les cajole à chaque instant
Qui n’ont point de chaleureux père
Ceux que la vie jette par terre
Et les maltraite à tous les vents
Ceux qui tremblott’ sans vêtement
Et vont de misère en misère

Pour ce, voudrais dans mon corsage
Tenir au moins trente six mamelles
Surtout pour ceux du premier âge
Leur donnant vie chaqu’ jour de l’an
Puis les remettre en balancelles
Qu’ils s’assoupissent, doucement
Et qu’ils s’endorment, cœurs contents
Leurs petits pouces, entre leurs dents (les premières)