La peur

Quand on est petit, en vacances, parfois, on aime bien avoir peur et faire peur

N’allez pas traîner les filles
Tout près du bois aux jonquilles
Du coté de Montignac
Quand la nuit met son grand sac
Sur le lac

On peut y croiser le Drac
Qu’a la queue en balayette
L’œil qui des éclairs jette
Des os pointus sur le faite
De son dos garni d’arêtes
Et sa gueule en casse noisettes
Sauf que noisett’ c’est ta tête !
N’y va pas traîner seulette
Sinon vite tu le regrettes !
À onze heures, il sort du ru
Si t’es là ; tu es foutue
Il te traîne dans son nid
Et te dévore à minuit

C’est le maire qui m’l’a dit
Et moi je suis votre ami

C’est un monstre qui sait vivre :
Tous les ans épouse la vouivre
Et puis le printemps d’après
Il divorce sans procès

C’est du moins ce que m’ont dit
Les vents fauves, les vents gris