La petite maison grise

L’enfance de ma grand mère

La petite maison grise,
Là-bas, au bout du pays,
Trois pièces, une remise,
C’est ici que j’ai grandi

Un jardinet minuscule,
Sur le chemin vicinal:
Seringat et renoncule,
Banc de pierre très banal !

Oui, mais y’avait les abeilles,
Scarabées et papillons,
Et le long du mur, deux treilles
Pour des vins très verdichons

Y avait tant et tant d’odeurs
Sous le chemin du nuage,
Trois chats très très maraudeurs,
Une chienne douce et sage.

Et surtout, y’avait ma mère,
En tablier jusqu’au soir
Qui sentait l’amande amère,
Le lait frais, le café noir.

Que nous étions donc contents
Blottis sur son tablier :
Ses doigts étaient apaisants,
Nous faisaient tout oublier :

L’école un peu difficile,
Et les gamins arrogants,
À l’attitude imbécile
De rich’ petits possédants.

Papa au pas claudiquant,
Rev’nait souvent fatigué
Mais pourtant bien souriant,
Mon cher papa cantonnier !

Il y avait tant de tendresse
Entre maman et papa
Que c’était une caresse
Pour toute notre smala…

Quand j’l’ai revu tout à l’heure
J’l’ai trouvé petit, petit
Le Haut-lieu de notr’ bonheur
Comme il avait rétréci !

Il faut croir’ qu’au bout d’trente ans,
Les murs baissent et se souviennent,
Et voudraient bien voir l’enfant.
Et les images s’enchaînent…

C’est un récit inachevé car les images qui s’enchaînent sont si nombreuses que l’on pourrait écrire jusqu’à demain…
Ce n’est pas mon enfance mais celle de ma grand mère