La bourrée des cornards

J’ai appris il y a peu, qu’un village de France célèbre chaque année la fête des cocus. Quelle sage et amusante coutume ! Écoutez ce qu’elle m’a inspiré.

Avancez, avancez !
Nicaise et Malicorne,
Avancez pour danser,
Avec grâce, touchez,
Entrechoquez vos cornes.
Sans aucune pudeur,
Allez-y de bon cœur
Il faut bien commencer !
Beaucoup vont arriver :
Surtout, n’ayez pas honte,
Comme dit La Fontaine
C’est un mal qu’on surmonte :
Il est tell’ment banal,
Largement répandu,
Qu’on peut faire un grand bal
Sans perdre sa vertu
Au grand bal des cocus.
Tout l’monde applaudira
Qui n’en fait une histoire
Chacun admirera,
À sa santé ira boire :
Y’a pas de déshonneur
Qu’y pouvons-nous, vieux frère ?
C’est pas un grand malheur
Qui conduit au cimetière.
Faites un pas en arrière
Et trois pas en avant
Et puis, la mine fière,
Saluez gracieusement,
Soyez courtois, galants
Placez vous deux par deux
R’gardez-vous dans les yeux
Sautillez gentiment
Et trois pas en arrière,
Et trois pas en avant
Pas de corn’ emmêlées
Comme font les cervidés
Qu’ tous ceux dont le front s’orne
D’ramures de haut lignage
Port’ hardiment leurs cornes,
Des moins sots, l’apanage.
Le vrai honneur des hommes,
Qu’a-t-il à voir au cocuage.
N’influe sur c’que nous sommes
Un pas chassé, un pas frappé,
Tournez, virez au tempo
De ce ballet endiablé
Agitez vos grands chapeaux
Et, à la fin de la danse,
Faites nous la révérence,
Épanouis, chapeaux baissés,
Allez boire à vos santés !