Je hais la souffrance

Au cher poète et ami JB qui porte la mème croix

Nous portons tous des cicatrices
Nous avons tous des bleus à l’âme
La douleur s’rait elle salvatrice ?
Je ne peux l’accepter, Madame !

Douce Madone du Paradis
N’as-tu pas vraiment trop souffert
N’as-tu pas beaucoup trop pâti
Avec ton pauvre cœur ouvert

Dans la joie de l’éternité,
Ce cœur souffrant va-t-il guérir ?
Je n’en crois rien, reste caché
L’insoutenable souvenir !

Qui pourrait effacer cela ?
Faire que tout cela ne fut
Dissoudre cette douleur là
Faire que tout fut résolu !

J’ai vu mon gars déjà treize ans !
Rongé d’un implacable mal
Errer mon doux mort-vivant
Dans les couloirs de l’hôpital

Méritait-il enfin la somme de souffrances,
Qui, durant six longs mois, s’abattit sur lui
Nous ne comprenons pas, Seigneur de Bienveillance
Le secret de tes voies et l’ombre de ta Nuit !

Et bien qu’il eut toujours un solide courage
S’en allant consoler même les infirmières
Il fit chemin de croix, sans révolte ni rage
Déclina, souriant, jusqu’aux heures dernières

Ayant fait, en sa vie, mille excès dommageables
Entraîné par un cœur trop faible et trop anxieux
Ne dites pas ô Dieu, que vous furent agréables
Larmes de jeune prince à l’heure des adieux.