Du côté de La Ferté

Jeannett’ va à la Ferté
Toute brave, l’a endossé
Son p’tit cotillon brodé
Et va d’un pas décidé

Mais que va t-elle donc faire
V’là qu’elle prend le bois chenu
Jambe leste et mine fière,
Bell’ tout en longeant le rû !

V’là qu’elle y fait connaissance
D’un joli bandit d’honneur
Oh ! la la ! quelle imprudence !
Compt’tenu d’son faible cœur !

L’œil câlin, fine moustache
Il lui fait un compliment !
Et déjà, son cœur s’attache
Oh ! mon Dieu ! : funeste plan !

Y avait personne dans le bois
L’air était doux et charmant,
Ell’ se dit : « pour une fois ! »
Et qui le saura vraiment !

Fille sage d’ordinaire
Ne suit pas un inconnu !
Qui sait jouer le débonnaire
C’est un masque bien connu !

Savez vous c’qu’est advenu
Le gars n’était point manchot
Le parterre était moussu
Elle y glissa sur le dos

Un fourmillement d’hormones
Le diable sortit d’l’enfer
Souv’nez-vous au bois, personne
Bête à deux dos ! feuille à l’envers !

Que j’t’empoigne et j’te besogne
Oh ! la la ! oh la la la !
Comme il faut ! et sans vergogne
Refais-moi donc un peu ça !

J’savais point qu’c’était si bon !
Sinon j’l’aurais fait déjà !
Recommence donc, mon gars !
Encor un coup ! on r’met ça !

Ainsi Jeannet’ vit un loup
Qu’était pas un loup-garrou !
En rentrant à La Ferté
Bel et bien, l’tait engrossée !

Ce fut un très beau garçon !
Dans vingt ans ce s’ra son tour !
Mais c’est dans le bois d’Meudon
Que, lui, connaîtra l’amour

Ainsi va la vie
Ainsi roule le temps
Les choses vont ainsi
Depuis longtemps, longtemps