Dans la neige de Moscou

Parfois, faute d’inspiration je repasse de mes vieux poèmes,
toujours remaniés en pensant aux nombreux nouveaux.

Pour en finir avec l’idolâtre de Napoléon Bonaparte

Dans les pays laissés, qu’on garde en nos mémoires
Nos vieux parents s’en vont doucement vers leurs fins
Sept ans de rude guerre en des contrées bien noires
Que nous rêvons de vous, roses de nos jardins !

Va, mon cheval, va, j’ai le cœur bien gris !
J’ai mal au passé, j’ai mal au pays !

Bayard te souviens-tu, lorsque tu labourais
Au lieu de galoper au beau milieu des morts ?
Où donc est le temps où je semais et fauchais ?
Vieillir dans son village est le plus beau des sorts !

Va, mon cheval, va, j’ai le cœur bien gris !
J’ai mal au passé, j’ai mal au pays !

Nos fiancées sourient de leurs fenêtres ouvertes
Aux cavaliers trottant sur la route d’en bas
Nous ne reviendrons pas dans la maison déserte
Et les flocons de neige effaceront nos pas

Va, mon cheval, va, j’ai le cœur bien gris !
J’ai mal au passé, j’ai mal au pays !

Moi, j’vais m’envoyer un grand coup d’vodka !
J’n’ai plus un seul copain, que toi, mon vieux cheval
Ouais ! je vais m’envoyer pas mal de vodka !
Et qu’il aille au diable, le petit caporal

Va, mon cheval, va, va, va…