Captive, d’un charme flou
Je pique mon aiguille
Dans ce très vieux mouchoir
À la foire aux guenilles
Je l’ai trouvé ce soir
Et, va savoir pourquoi
Il me dit quelque chose
Il glisse sous mon doigt
Fleure un parfum de rose
Un parfum très fané
Un parfum très lointain
Comme un instant secret
Entêtant, importun
Un souvenir perdu
Dont je cherche la trace
Dans un temps révolu
D’l’autre côté d’la glace
Qui m’interroge encore
En cette fin de nuit
Même la belle aurore
Ne m’en délivre mie
Qui pourrait donc m’ôter
La recherche obsédante
Dans les plis d’un passé
D’époque décadente
Tout se brouille en ma tête
Pourquoi dont s’obstiner ?
Un souvenir de fête ?
Si loin dans le passé
Peut-être est-ce ma mère
Ou même ma mamie
Ou, qui sait, quel mystère
Ce tenace souci !
Pardonnez ce délire
Cette quête si vaine
Je sais : il y a bien pire !
Peut-être à la fontaine
Mais pour me libérer,
Je vais bien m’en défaire
Sans doute le brûler
S’il n’est rien d’autre à faire