Encore une histoire de fille pas très belle, je me répète !
Elle avait de tendres yeux gris
Et un air penché, bien à elle
Petite demoiselle
En corsage souci
Petit minois soumis
Aux tracas de la vie.
Son pas était léger, léger
Volant dans l’escalier
De la vieille maison bien close
Fleurant la cir’, fleurant la rose
Et les meubles polis
Par tant de décennies
Et de monotonie.
Zélie, Zélie
Dans cette maison près du lac
Tu nous jouais tout bas :
« Valses de Déodat »
De Séverac
Et « La lettre à Élise »
Alors, mon cœur se brise
De t’avoir si peu vue
D’avoir mal entendu
D’une oreille distraite
Dans ta bouche parfaite
Tes propos si menus
Petits propos émus ;
De n’avoir pas su voir
Ton discret désespoir.
Sans doute avec le temps
Tu serais devenue
Un’ superbe maman !
Fragile et tendre amie
Tu s’rais devenue jolie
Zélie.
Je n’ai pas pris le temps !
On est bête, on est bête, on est bête,
À vingt ans !
J’ai beaucoup fait la fête,
Souvent perdu la tête,
Pour de voyant’ lolas*
Qui ne te valaient pas.
Près du feu qui s’éteint
Je regrett’ maintenant
Je regrette ta main
Ta main gantée de blanc.
Entre pipe et chaton,
Vieux garçon, vieux chiffon
Mon vieux cœur racorni
Te regrette, Zélie.
Tant pis !
* En langage moderne : Des bombasses.