Écrite en prose, qui reste en ma mémoire d’un récit de Jean d’Ormesson
Un jour de mon enfance, toute sa famille attendait au château familial le passage du nonce du Pape qu’ils avaient invité à souper
Madame d’Ormesson avait préparé avec soin ses deux gamins en vue de cet événement extraordinaire et solennel
« Je compte sur vous, mes garçons ! vous n’ouvrez pas la bouche devant le nonce, vous ployez le genou, vous baisez sa bague et tout le monde assis à table, vous vous installez sans bruit à l’extrémité.
Bon ! le nonce est là près des parents, le jeune frère de Jean se faufile devant et s’adresse au non, très fort :
« Mais entrez ! entrez donc, mon vieux ! »
Le sale gosse ! confusion extrême des adultes d’Ormesson.
Quinze ans plus tard ce garçon devenu grand est reçu au Vatican, le Pape Paul Six s’avance vers lui et lui prends la main dans ses deux mains : « Très heureux de vous recevoir, Monsieur d’Ormesson ; allez vous encore m’appeler « mon vieux » ? »
Autrefois, il aurait pu dire :
« Ne vous empêchez pas ! entrez entrez ! mon vieux »
Cela est bien facile, en ces auguste lieux ! C’eût été peut-être plus gracieux.