Amours à l’ancienne

Ma bien-aimée est mon étoile
Vogue, mon beau bateau à voile
Ohé ! jusqu’aux mers du Levant,
Larme d’amour de Saint-Laurent !

Celle que j’aime est demoiselle
Qui lit au jardin du couvent
Les chères soeurs veillent sur elle.
Jamais ne la voient les passants.

Seul un petit oiseau qu’elle aime
Lui sifflote son compliment.
Mais, j’en suis jaloux à l’extrême
J’aim’ pas qu’ell’ l’écout’trop longtemps

Elle est à moi ! Filez, manants !
Elle est ma fée, ma souveraine
Depuis qu’j’l’ai vue à la fontaine :
J’aime la rondeur de sa hanche

La nuit, je dors avec ses gants
Ses si petits gants de peau blanche,
Gants oubliés sur la margelle
Du puits d’la Belle-au-bois-dormant,

Et ramassés furtivement
Sans que j’os’ courir derrière elle,
Pour lui parler comme un amant,
Tant me rend timide la belle…

La nuit, j’les presse sur mon cœur
Pour mon délice et mon tourment.
J’en respire la douce odeur
J’les baise avec emportement.

J’me rabattrai sur un laid’ron
Je n’aurai jamais la fillette.
Je dis deux mots au Sauvignon
Du troquet de la mère Annette