14 Juillet - deuxième version

C’t après-midi, y a des jeux :
Course en sac, course aux œufs
Sur l’étang à Léonard
Y a la fête du canard
Un’ trentaine de canetons,
Hardiment, nous les lançons
Dans un bruit d’ailes froissées
Et des coins-coins indignés
Tandis que tous les minots
S’emploient à les tirer d’l’eau
Pour rev’nir, fiers et vainqueurs
Vers monsieur l’instituteur
Qu’attribue de très beaux lots
A tous ces petits galopiots
Bien qu’ils reviennent trempés
Et leurs habits salopés,
Et puis, y a le chamboul’-tout
Pan sur le pif à Pompidou !
Louison Thierry qu’est bigleux
Tir’ sur tous les beaux messieurs
Le plus chic s’prend un palet
« Excusez monsieur l’marquis
C’est mon œil qui m’a trahi ! »
Et pour finir c’te séquence,
Avant qu’tous viennent à la danse :
Des coups d’trique sur des « sieaux »
Suspendus sur un cordeau
Pour fair’ tomber l’acca d’iau
Sur le plus con, le plus sot.
Avec Clotaire et Dédé,
Euh ! C’qu’on a-t-y rigolé !

Au son de la cornemuse
Tout’ la jeuness’ va danser.
Notr’ petit chat noir s’amuse
Avec un gros scarabée.
Une « belle rouge » fuse
Illuminant la soirée
Ah ! Qu’il est gai mon village
Les soirs de Quatorz’ Juillet :
Le garde-champêtre, en nage,
A pris une vraie muflée
Le forgeron, pas trop sage,
S’esquive avec Dorothée:
Attention au pucelage,
De c’te nièce de curé !
Tout le ciel est étoilé
Au d’ssus du bois des ormeaux
Tout le monde, en rang serré,
Défile avec des flambeaux.
On entend des rir’, des cris
Aux quatre coins du pays
Ca sent les frit’, les beignets
Du côté du bal-parquet.

Amusez-vous, bonnes gens
Ca n’revient pas si souvent !
Oubliez qu’faudra y aller,
Oui ! et ça sans regimber
Et ça, peut-être bientôt,
Sous la terre aux escargots.
Dans ma têt’, je vois passer
Des images à frissonner :

Même au cœur de ce beau soir,
J’vois monsieur l’curé tout grave,
Traversant les champs de raves
Et ses enfants d’chœur en noir…

Allez ! Encore un beignet !
Versons-nous du muscadet
On va faire un’ danse encore
En attendant d’être morts.
Levons le coude, les gars,
Encore un qu’ils n’auront pas,
Moi j’ai le genou qui bouge,
« Ah ! la bell’ vert’, la bell’ rouge ! »

Dit’ les gars, avec entrain,
Chantons donc tous ce refrain
D’la chanson de mon parrain :
Buvons un coup, n’ach’tons point d’terre !
En hiver c’est de la boue
En été de la poussière.