Les confitures de Monette

Pour mon ami Ulysse, qui n’est pourtant pas gourmand…
Lorsque j’étais enfant, il n’y avait pas de chagrin qui ne fut pas directement pulvérisé par quelques cuillères de confiture. C’est un de mes poèmes récents en deuxième mouture car un peu bâclé la première fois.

Où vas-tu ainsi, ma belle Monette ?
Vas-tu à la foire, à Saint Amédée ?
Y vendre de tes œufs, le lait de ta biquette ?
Et ta confiture à l’amende mondée,

Où tu as mêlé avec à propos
Les murs de ta ronc’, tellement fruitière,
Le sucre de canne, un peu d’abricot,
Les éclats d’amande à la pâtissière

Car ta main si blanch’, comme il faut conduit
Et tourne si bien dans la grand’ marmite
Qu’un petit miracle de tes doigts surgit
Cette confiture qui, tous nous invite

À la gourmandis’, beau pêché véniel
Tandis que tes courb’ agréables à voir,
Ton bel œil brillant et ton teint vermeil,
Sèment dans ma tête un fragile espoir

Mais si tu m’agrées pour ton fiancé,
Tu n’auras jamais, jamais plus besoin
D’aller sur place à Saint Amédée
La vendre à plein vent aux dames du coin !

Nous la mangerons le soir en famille
Avec les copains et monsieur le curé,
Nos petits garçons, nos petites filles,
Mon parrain si drôle, et ta vieill’ mémé !