Madame Laveine

À la suite de mon hommage à mon école du temps de la guerre, voici mon hommage à Madame Laveine, ma maîtresse de cours moyen première année de l’an quarante deux.

Je dois beaucoup à cette grande dame, point jolie ni élégante du tout, mais « allumeuse de flamme » dans les cœurs des enfants, c’est elle qui m’apprit vraiment à lire, pas seulement déchiffrer les mots et qui nous donna, à toutes, le goût forcené.

Huguenote, laïque, républicaine dans l’âme, elle était d’une tolérance merveilleuse et rare à l’époque, le jour de la communion solennelle, nous allions la visiter et lui offrir nos images pieuses de petites cathos, qu’elle acceptait avec joie et bisous.

Elle a un arbre à son nom à Yad Vashem, dans la vallée des justes pour avoir longuement caché des persécutés.

Ce fut la seule maîtresse d’école, à ma connaissance dans notre ville, à refuser de mettre le portrait du maréchal dans la classe !

Merci Madame Laveine, chère vieille dame, coiffée sans art, pour avoir fait de moi à vie une « rebelle », je vous embrasse et je vous aime.