Chez les oies

Pour ses dix ans, l’fils des voisins,
Il a reçu un couple d’oies
Très vite habituées au jardin
Comme au séjour, comme chez soi.

Élevées, très apprivoisées
À la façon chiens d’compagnie
Sont devenues, dans le quartier
L’amusement d’tous les petits

Le spectacl’ fut un privilège
Quand ell’ sortirent’ l’autre matin
Sur la pelous’ vêtue de neige
Stupéfait’ de ce coussin

De poudre molle et sans saveur
Où patauger avec entrain
Levant la patte, avec lenteur
En se consultant en chemin

Du coin de l’œil, en caquetant :
« T’as vu, mon vieux ? t’as vu ma vieille ?
Quoi donc qu’c’est qu’ça ? comm’ c’est marrant !
Mais c’est pas chaud, alors surveille

Qu’on puisse en détacher les pattes
Qu’on en reste pas prisonniers !
Franch’ment, c’t’affair’ là, ça m’épate,
Les humains semblent être habitués

Voilà le charmant badinage ;
Qu’on a tous vu chez notr’ voisin
Et pour la scèn’, le bavardage,
Chacun passa, ce beau matin.